Les défis de la prévention

Si la France consacre au total 11 % de son PIB à la santé, ce qui en fait, avec l’Allemagne, les parts de PIB les plus élevés de l’Union européenne, la part des dépenses en prévention ne constitue que 7% des dépenses de santé, ce qui est nettement plus faible que dans la plupart des pays de l'OCDE. Or, la crise sanitaire a rendu visible le besoin de prévention.

Le taux élevé de mortalité évitable et d’espérance de vie sans incapacité (qui se situe pour les femmes françaises tout juste à la moyenne européenne), sont aussi deux indicateurs qui montrent que des marges de progression sont possibles si des mesures de prévention efficaces sont adoptées dans les prochaines années.

Les maladies cardiovasculaires et endocriniennes, les cancers, les troubles respiratoires et mentaux exercent une pression financière considérable sur les systèmes de soins européens.  Ces maladies qui touchent particulièrement les personnes âgées sont généralement provoquées par des comportements à risque mais aussi conditionnés par les déterminants de santé. On entend par "déterminants de la santé" les facteurs personnels, sociaux ou environnementaux qui ont une relation de causalité avec la santé des individus ou des populations.

Catégorisation et gradation des déterminants de la santé DAHLGREN & WHITEHEAD,
"Policies & Strategies to promote social equity in health" . Institute of Future Studies, Stockholm, 1991

Les inégalités de santé sont également très présentes. Les disparités sociales et territoriales sont importantes pour de nombreux indicateurs de santé, dès le plus jeune âge. D’autres défis sont liés à l’acceptation des mesures de prévention. Par exemple, on constate que le tabagisme ne diminue pas dans les populations défavorisées, que la défiance des vaccins augmente et que le recours aux dépistages est en baisse. Ces questions sont au cœur de la recherche en santé publique qui vise à prévenir, préserver et améliorer la santé dans la population. Pour renforcer l’efficacité des actions de prévention, il faut analyser les facteurs qui influencent la santé de manière positive ou négative. Il faut aussi identifier les interventions de prévention qui contribuent à la santé et proposer des interventions innovantes qui peuvent contribuer à ces objectifs au niveau collectif (populationnelle) mais aussi individuel.

Les leviers d'action en prévention :

En matière de prévention, les leviers d'action identifiés consistent donc à :

• développer la recherche fondamentale sur les changements de comportement et les déterminants de santé ;
• développer une recherche interventionnelle sur les interventions efficaces ;
• mieux outiller les acteurs de la santé publique pour l'aide à la décision.

La recherche interventionnelle a une visée opérationnelle avec des résultats qui ont un réel impact sur la santé et la vie quotidienne. Elle doit réunir les acteurs de la santé, les décideurs, et la population aux cotés des chercheurs.

La recherche en prévention est située dans l’espace international de la recherche, mais elle doit prendre en compte les spécificités de la population à laquelle elle s’adresse. L’éducation, le travail, le logement, l’environnement de vie affectent notre comportement de prévention, c’est pourquoi la recherche doit être pluridisciplinaire. De nombreuses disciplines sont mises à contribution au sein de PRESAGE : médecine, santé publique, épidémiologie mais aussi des sciences humaines et sociales, statistiques…